Chers tous,

Un peu de prospective en back-value… Nous avions prévu une note sur la dernière semaine de juin, mais tant le manque de temps que l’incertitude et la volatilité nous ont conduit à attendre le lendemain du premier tour les législatives en France. Par manque de temps, parce que vous pouvez bien imaginer que depuis les élections européennes, tous les assureurs, banques, sociétés de gestion, et autres gérants luxembourgeois sont voient affluer en urgence les demandes d’ouverture de comptes / contrats.

En tout cas, même les quotidiens et médias jouent le jeu de la sécurité du Luxembourg, avec une palme spéciale pour les Echos, qui vous explique le 28 juin, dans les détails, comment souscrire un contrat d’assurance-vie luxembourgeois. Vous en retrouverez le détail en pièce jointe, nous sommes à votre disposition !

Nous écrivions, le 26 juin, sommairement (nous y rajoutons post-résultats un commentaire en bleu) :

• Le pire n’est jamais certain, sous tous les angles.
• Nous pensons que la dynamique des européennes fera que le Rassemblement National aura la majorité absolue.

• • Parce que si la gauche est arrivée à présenter un front commun pour les législatives, nul doute que ça se déchirera dans l’entre-deux tours et après, ce qui est même déjà le cas. Les socialistes ont un peu en travers de la gorge la récupération des voix de Glucksmann par Mélenchon, et ça va tanguer ; Depuis les résultats d’hier soit et en fonction de la politique de désistements, certains sondeurs pronostiquent moins de 120 sièges pour le Front Populaire, et une majorité absolue pour le Rassemblement National.
  • Au centre, c’est le pompier pyromane qui dissout puis alerte sur les risques d’une guerre civile. Cf les articles de cette fin juin sur la panique dans les rangs de la majorité. Au-delà de la dynamique Rassemblement National, cela promet un bashing absolu des composantes de la majorité actuelle. Heureusement, heureusement, Bayrou s’est exprimé en direct de Pau pour dire qu’il était disponible ! C’est l’exercice le plus délicat pour la majorité présidentielle depuis les résultats d’hier soir : les consignes de votes, qui sont de l’ordre « chaque candidat en son âme et conscience ». Mais on y verra plus clair demain soir, mardi, après la clôture des listes et candidatures pour le second tour.
  • Que dire des 2 millions de procuration ? La Gendarmerie nationale fait état de très nombreux signalements de visiteurs / visiteuses médicales soignant des personnes (très) âgées, se plaignant d’un démarchage agressif pour donner des procurations. « A qui profite le crime ? ». Commentaire post résultats : a priori pas de déséquilibre ou manipulations flagrants.
  • Les français de l’étranger : traditionnellement, non impactés directement par les décisions franco-françaises, ça vote avec le cœur et ses idéaux, Macron ou Mélenchon. Mais il se dit que les français de l’étranger en ont marre de l’image de leur pays que leur renvoient leurs pays hôtes. A suivre aussi. Résultats ce matin : eh bien non, une grande constance : la majorité présidentielle à plus de 40%, LFI / les gauches à plus de 30%, le reste à moins de 12%.

• D’une certaine manière, et sans prise de position politique / idéologique, une majorité absolue d’un camp est un peu ce qu’il faut souhaiter, parce que sinon ça va être ingouvernable, sachant que l’Assemblée ne pourra plus être dissoute pendant un an.

• Si c’était le Rassemblement National qui obtenait cette majorité absolue, on peut penser qu’il se « melonisera », que l’impact sur les marchés sera limitée, et qu’un gouvernement RN n’aura pas forcément grande latitude, en cas de cohabitation, sur la partie régalienne, ainsi que vis-à-vis de l’Europe. Commentaire ce matin : ce peut être la raison pour laquelle les marchés boursiers montent, et le CAC40 loin devant.

Et puis, dans cette campagne Blitzkrieg de 3 semaines, on aura entendu tout et n’importe quoi en terme de propositions et promesses de campagne, de la part des 3 blocs, toutes autant plus irréalisables les unes que les autres. Tout se passe comme si la surenchère jouait mais que personne ne croyait vraiment dans les promesses, que ce soit les politiques ou les électeurs, et encore moins les leçons de moral de tout bord. Comment peut-on critiquer un programme d’extrême-droite ou d’extrême-gauche qui coûterait 100 milliards d’euros, alors que depuis 2022 on nous en a collé plus de 900 milliards de dettes (avec Covid certes), dont pas moins de 60 milliards depuis le début de l’année ! Heureusement, Bruno Le Maire a annoncé triomphalement le vendredi 28 juin que les recettes, à fin mai, était de 3 milliards supérieures à celles budgétées, on est sauvés.

• En tout cas, on nous aura bien gâché nos Jeux Olympiques, alors qu’ils devaient être une vitrine de la France. Mais la situation politique, combiné à des prix hallucinants à Paris, qui est d’ailleurs encore et toujours un chantier à ciel ouvert, ont eu raison du tourisme. Cf le FigEco de ce matin, en pièce jointe, c’est assez révélateur. Nous sommes souvent à Paris, et voir nos hôtels à 180 / 200 euros rester bloqués avec des offres à 550 / 600 euros pendant la période JO est un peu du foutage de gueule.

• Nos portefeuilles, eu égard à leurs investissement de long terme et sur des valeurs internationales, n’ont que très peu souffert, entre -0,50 et -0,80% depuis les élections européennes, sur les parties agressives. Certes, « notre valeur fétiche », Crédit agricole, est passée de 16 à 13 (dont aussi un dividende détaché de plus de 1 euro), et la situation est aussi tendue pour des acteurs avec grosse base domestique de chiffre d’affaires : banques, utilities, construction, etc…
• Pour dire que « nous avons fait quelque chose » dans cette période pré-élections, nous avons un tout petit peu continué à réduire la voilure sur les actions, mais vraiment à la marge (mois de 3% des positions actions), et essentiellement sur des fonds que nous pensions plus exposés à la France. Mais dans le fond, nous ne pensons pas au grand soir, et il est hors de question de liquider les portefeuilles ; plutôt l’inverse, d’ailleurs : se tenir prêt à réinvestir en cas de correction épidermique dans les jours / semaines qui viennent.

• Dans ce contexte, parce que nous pensons que la période est propice à une défiance, ou tout du moins une dépréciation de l’EUR face au USD, nous avons procédé à la clôture de nos couvertures, pour revenir sur des expositions USD non-couvertes. Cette analyse est renforcée d’un point de vue économique par 1. La baisse de l’inflation en Europe, et 2. Une poursuite de données statistiques américaines qui sont, elles, plutôt inflationnistes, et ne militent pas pour une baisse des taux de la FED.

Alors que dire en ce lundi 1^er juillet, « le début des premiers jours du reste de notre vie » ? Au vu du démarrage de la journée suite aux résultats d’hier soir, le sentiment partagé par les analystes ce matin est que les bourses ont horreur de l’incertitude. Et donc, au vu des sondages confirmés par les urnes, il n’est pas dit qu’il n’y ait pas de majorité absolue, et donc la bourse apprécie

Photo flash immédiate : ouverture des marchés à +275% en hausse, avec même une légère remontée de l’EUR contre USD en hausse à 1,0750.

Il va falloir suivre impérieusement de près les mouvements sur les taux, comprendre « l’évolution des taux d’intérêt de la dette française, et le spread OAT / Bund » (la différence de rendement entre l’obligation d’état française à 10 ans et celui de son homologue allemand). Nul doute que la Banque Centrale Européenne est aux manettes, ou tout du moins les yeux rivés sur ses écrans de contrôle, avec le doigt sur le bouton pour appuyer, au cas où. N’oubliez pas, « on ne pisse pas contre le vent », autrement dit on ne jour pas contre une Banque centrale.

En attendant, à contrepied des bourses ce matin, l’OAT 10 ans continue de montouiller, à 3,33%, un petit 3 centimes de hausse. Mais le différentiel à 10 ans avec l’Allemagne reste stable, à 72 points de base. Un peu logique somme toute, à un moment où l’on peut penser que, quelle qu’elle soit, il y aura une majorité au Parlement, cela n’efface la légère appréhension de ce que sera l’après-7 juillet, avec son cortège d’incertitudes.

Autre sujet, que nous aurions pu écrire la semaine dernière : « La vieillesse et la sénilité sont un naufrage », bis repetita de la formule déjà utilisée plus haut : le cauchemar de Biden pour son débat avec Trump. Et avec un chance d’avoir Trump élu, avec tout ce que cela signifie : politique ultra-conservatrice et nationale, protectionnisme, repli international et abandon de l’ukraine en rase campagne, etc…

Vous pouvez retrouver l’historique de nos billets sur notre site sur notre page LinkedIn https://www.linkedin.com/company/18719514/admin/.

A votre disposition pour en rediscuter,

Et en ce 29 juin, bonne fête Moi !

Bien à vous,

Pierre