FLASH marchés du 01 septembre 2022 |

Chers tous,​

Nous espérons que vous avez passé une bonne période estivale, et vous souhaitons une bonne rentrée. Le moins qu’on puisse dire est qu’en juillet et août, les marchés nous aurons permis de souffler, et de ne pas bouder notre plaisir avec une belle hausse jusqu’au fatal vendredi 19 août.

Le symposium américain des banquiers centraux mondiaux de Jackson Hole a fait l’effet d’une douche froide, couplé avec les déclarations glaciales de Jay Powell, pour qui seul le combat contre l’inflation compte, quelles que soient a priori les données économiques. Dit autrement, les Banques Centrales n’ont pas d’autre alternative que de pousser leurs économies à entrer en récession… Il est d’ailleurs intéressant de constater que la courbe des taux américaine s’est largement   inversée, la 2 ans étant à 3,50%, et la 10 ans à 3,15%. Phénomène typique de prévision d’entrée en récession. D’autant que les taux d’intérêt ne semble pas avoir fini de grimper aux Etats-Unis, voir article joint, « FED et taux ».

Et on serre les fesses sur les annonces à venir de la BCE, de leur impact sur les marchés et sur les économies ; « il est acquis » que nous aurons droit à une première salve de 50 centimes complémentaires en septembre (probablement dès la semaine prochaine), et encore 75 points de plus d’ici la fin de l’année. Même tonalité, « la BCE annonce des sacrifices nécessaires face à l’inflation, […] même au risque d’une récession » – Voir article joint « BCE et inflation ». Pour l’instant, la réalité des chiffres se heurte aux vaines incantations, avec une inflation en zone Euro annoncé hier à un record de +9,1% sur août, en base annuelle.

De quoi fortement ralentir les économies européennes, d’autant que cette hausse des taux court-terme se reporte sur les taux à long-terme : l’OAT 10 ans française, qui était redescendue à 1,35% en août, a regrimpé en flèche à 2,25% aujourd’hui. Mais le spread avec l’Allemagne reste stable, autour de 60 / 65 points de base. Pas d’inquiétude dans l’immédiat sur la dislocation de la Zone Euro !

La question immédiate concerne aussi l’impact sur l’immobilier. On a l’axiome de base qu’une remontée de taux n’est certainement pas favorable au secteur, bien au contraire. Mais cela se complique avec le taux d’usure que l’Etat français ne veut pas remonter pour le moment. Aujourd’hui, plus de 50% des dossiers de demande de crédit sont refusés… Et les annonces de hausses de taxes foncières, que vous avez dû commencer à recevoir, incitent à la prudence, avec des hausses pouvant atteindre 15%… Grosso modo, en règle générale, la pression fiscale risque de devenir maximale, entre le « quoi qu’il en coûte », la baisse des recettes fiscales, et la hausse des taux, et donc un trou budgétaire (et même en réalisé !) de l’Etat en creusement constant.

Pour la Chine, situation un peu différente, mais la stratégie « 0-Covid » continue de déstabiliser l’économie et le commerce mondial, tant et si bien qu’on serait en train d’y passer en récession… En tout cas, est sortie ce matin l’annonce d’une contraction de l’activité manufacturière le mois dernier. Et ce n’est pas le reconfinement forcé de 21 millions de personnes ce matin qui va arranger les choses.

La situation est encore bien plus compliquée au Royaume-Uni. Goldman Sachs vient de sortir une étude annonçant une inflation au-delà de 20% en 2023. Vous avez lu ces derniers jours le doublement du coût énergétique pour les ménages au UK. Moralité, une devise en passe de devenir une devise émergente, en chute libre de 4% en quelques jours contre EUR, et de presque 6% contre USD. Et des taux d’intérêt qui montent au ciel.

Nous avons fait un break important cet été, et rattrapé le retard le week-end dernier en faisant la lecture intégrale de toutes les éditions du mois d’août des Figaro, Echos, et Financial Times. Il est intéressant de tout lire d’un coup pour se rendre compte en une seule fois de l’évolution qui nous amène à cette rentrée ; comme on s’y attend tous, la rentrée va être chargée, c’est un euphémisme…

Dans ce contexte, les marchés ont dévissé le 19 août dernier sur les propos du patron de la FED, et nous reprenons depuis ce que nous avons connu lors des 6 premiers de l’année, avec des séances particulièrement volatiles. « Retour à la réalité »… Nous reprenons donc le mouvement de dislocation des marchés : correction des bourses, remontée des taux court-terme, envolée des taux long-terme, etc…

Dans les sujets délicats de la rentrée, citons en vrac :

–       L’énergie : entre les prix du gaz multipliés par 10 à 12 en un an, la fermeture des robinets russes cette semaine pour l’Europe, 36 réacteurs nucléaires sur 59 en France à l’arrêt, il va falloir se préparer à prendre des douches froides et à mettre des pulls chauds. L’Etat français compense pour le moment : cf encore aujourd’hui l’entrée en vigueur de la ristourne de 30 centimes sur le litre d’essence, et la non-répercussion des hausses du gaz et d’électricité sur la facture des consommateurs. Nous avons lu quelque part que cette compensation coûtait à l’état 15 milliards d’euros par mois, soit la modeste somme de 180 milliards d’euros en base annualisée. On multiplie d’un coup d’un seul le déficit budgétaire 2022 français par 1,6, pour passer de 300 milliards à 480 milliards ! Et que dire de l’émission spéciale hier sur France Info, où les « spécialistes de l’énergie » nous annoncent de potentielles coupures de courant en France cet hiver, à coup de 2 heures tous les matins et / ou tous les soirs…

Un peu partout dans le monde, et beaucoup en Europe, les problèmes d’approvisionnement énergétique et de coûts liés se répercutent : ce matin, Alcoa annonce la réduction d’un tiers de production de sa fonderie en Norvège en raison de la hausse des coûts de l’énergie. En Europe, il est édifiant de constater l’absence de politique commune, mais uniquement des décisions nationales : prise en charge de 30 centimes sur le litre d’essence en France, 4 mois de train offerts aux Espagnols, baisse de la TVA sur l’essence en Italie, etc…

–       L’alimentaire : comme si les difficultés logistiques mondiales et les prix à la hausse n’y suffisaient pas, s’ajoutent des problèmes de sécheresse (la canicule s’emballe), et des rendements agricole en (très) forte baisse. L’idée de pénurie alimentaire commence à faire son chemin, pas bon tout ça… Nous y revenons ci-dessous dans la revue de presse

–       Nous l’avons déjà mentionné, « toutes choses égales par ailleurs » : les salariés devraient commencer à grincer des dents, parce qu’avec une inflation à 8 / 10%, qui ne se dégonfle pas, et des salaires qui stagnent, ce sont autant de motifs de grogne sociale en préparation pour la baisse importante du pouvoir d’achat, sans parler de l’impact sur les comptes des entreprises si les salaires devaient substantiellement être relevés. On ne parle même pas de l’impact de ces hausses de salaires dans tout le secteur transport, avec l’effet de la double peine. L’agitation social et le retour des gilets jaunes nous guettent.

Quelques articles relevés ces derniers jours, dans ce contexte assez anxiogène ou tout du moins d’incertitude générale :

–       « Flambée en vue de la taxe foncière » – Les Echos, 30 août. Normal, c’est la faute à Covid et à la guerre en ukraine.

–       « Les prix alimentaires enregistrent des hausses spectaculaires » (+6,6%) – Les Echos, 25 août

–       « Pire récolte depuis 20 ans à venir de pommes de terre en France, rendements attendus entre -20% et -50% » – FigEco, 29 août

–       « Récolte de maïs au plus bas en Europe » – FigEco du 31 août ; tout-à-fait anxiogène : « Alors que les céréaliers français ont pu limiter l’impact des récents aléas climatiques, 33,6 millions de tonnes de blé tendre ayant été moissonnées en 2022, rien de tel pour le maïs. Pour le spécialiste de la gestion des risques agricoles Agritel, la récolte s’annonce «catastrophique». Selon des estimations dévoilées ce mardi, le cabinet s’attend à une production de 10,8 millions de tonnes de mais cette année dans l’Hexagone, soit le pire bilan depuis le début du siècle. Même constat en Europe où le manque d’eau a plombé la croissance, et donc les rendements des épis. Avec 53,8 millions de tonnes espérées sur le Vieux Continent, cette récolte sera au plus bas depuis quinze ans. C’est une mauvaise nouvelle de plus pour le monde agricole, touché de plein fouet par l’augmentation de ses coûts de production. Au-delà du manque à gagner direct, cette pénurie de mais devrait affecter le prix et la disponibilité de cet aliment entrant dans la composition des rations pour le bétail. » 

–       Mais surtout, un article du Luxemburger Wort (si, si !), https://www.wort.lu/fr/economie/les-sept-risques-pour-l-economie-mondiale-selon-le-fmi-62dff943de135b92363ca370, identifiant les 7 plaies / facteurs majeurs de risque : guerre et ukraine et prix de l’énergie, persistance de l’inflation, risque des politiques de désinflation, dettes des économies émergentes, enlisement en Chine, fragmentation de l’économie mondiale, et last but not least, troubles civiles et famines.

Nous écrivions en juillet : « Nous estimons donc que nous pouvons avoir un petit rally d’été sur les marchés boursiers, où tout le monde a besoin de souffler. Vous nous savez investis en actions, très légèrement en-dessous de notre étiage de benchmark normal, et les portefeuilles sous gestion profitent donc du rebond de ces derniers jours. ».

Il y a bien eu rally jusqu’au 15 août, de l’ordre de +8% à +10%, mais les 10 derniers jours ont tout effacé en Europe. Les Etats-Unis tirent leur épingle du jeu, entre +2% et +5% . Mais vu le retour ces derniers jours, il semble que le « BMR » annoncé soit achevé. BRM ? « Bear Market Rally », une hausse des marchés boursiers dans un contexte plutôt fortement baissier.

Dans les portefeuilles, nous avions commencé le 15 août à couvrir 10% des expositions actions en prenant un ETF short, mais les données économiques sorties avant le 19 et l’intervention de la FED nous ont contraint à nous stop-losser. Depuis, nous avons procédé à quelques ventes de titres qui avaient bien monté, ne serait-ce que pour réduire un tout petit peu la voilure en actions et générer du cash pour pouvoir se repositionner ultérieurement en cas de baisse des marchés.

Heureusement que notre tropisme USD est là, entre 15% et 20% des portefeuilles. Et quand l’EURUSD passe de 1,13 à 0,99, cela nous permet de limiter la casse et d’avoir des performances assez résilientes. Idem pour nos positions actions sur le marché suisse (les Nestlé, Richemont, et autres), avec un EURCHF passé de 1,04 à 0,97 ce matin.

Voici pour ce point de rentrée, bien dense avec plein de paramètres à prendre en compte pour les jours et semaines à venir, et désolé pour la tonalité pas très positive… Une lueur d’espoir dans ce monde de brutes : le taux de fécondité baisse, et à ce rythme la population pourrait être divisée par 2 d’ici 2100. De quoi faire respirer notre bonne vieille terre et lui redonner un peu d’oxygène ! Voir article joint.

Et surtout bons anniversaires demain aux 3 lecteurs de cette note, qui se reconnaîtront !

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A votre disposition pour en discuter.

Bien à vous,

Pierre

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