FLASH marchés du 16 juin 2022 |

Chers tous,

S’il fallait une preuve de la fin de l’argent facile, les Banques Centrales nous l’ont rappelé hier. La FED vient donc de relever ses taux directeurs de 75 points de base, et le marché price désormais 2 hausses complémentaires de 75 centimes chacune d’ici la fin de l’année. 75 points de base d’un seul coup, cela ne s’était pas vu depuis 1994…

La BCE, quant à elle, a tenu un discours ferme sur le contrôle de l’inflation, mais aussi et surtout sur les moyens qu’elle se donne / va se donner sur un sujet particulièrement épineux : la remontée des taux entraîne aussi un élargissement des spreads sur les dettes européennes, et celle de l’Italie commence à être un peu chahutée, c’est un euphémisme… Voir à ce sujet l’article du FigEco d’hier, en pièce jointe, « Le « risque italien » sous haute surveillance mais encore sous contrôle », et la BCE nous annonce hier plancher sur un dispositif anti-fragmentation des dettes européennes.

Quelques chiffres :

Dette allemande à 10 ans : de -0,20% le 1er janvier, à 0,90% il y a un mois, et 1,77% ce matin

Dette française à 10 ans : de 0,10% le 1er janvier, à 1,20% il y a un mois, et 2,40% ce matin

Dette italienne à 10 ans : de 1,15% le 1er janvier, à 2,80% il y a un mois, et 4,20% hier. Il est vrai que l’annonce de la BCE d’hier sur son dispositif a fait retomber la pression, la 10 ans italienne étant revenue à 3,77%.

Et donc, en raccourci, nous sommes passés, depuis le début de l’année d’un spread avec l’Allemagne de 35 points de base à 63 aujourd’hui pour la France, mais surtout, pour l’Italie, de 135 points de base à 200 points de base, et même 243 hier…

La contrepartie immédiate de cette fin de l’argent facile est un deleveraging massif auquel nous assistons depuis quelques semaines, dans tous les secteurs du jeu. Les bourses (voir notre pdf joint habituel, les baisses hebdomadaires sont assez impressionnantes), les crypto-monnaies (un peu beaucoup la Bérézina avec des faillites en chaîne et des baisses à n’en plus finir), etc…

Étonnamment, le pétrole est toujours très soutenu, mais c’est, à notre avis, assez conjoncturel avec le sujet de la tension issue de la guerre en ukraine. On peut penser que dans un monde de remontée des taux, qui fait risquer au mieux la stagflation, au pire une entrée en récession, le prix du baril devrait se dégonfler. Affaire à suivre…

Étonnamment aussi, dans un monde de remontée de taux et d’incertitude, l’or devrait tirer son épingle du jeu, mais ce n’est pas le cas pour le moment. 1 800 USD l’once nous semble un bon point d’entrée, au moins en protection des marchés.​

Sur les marchés, la hausse de la FED a été plutôt bien digérée sur la séance d’hier, mais cela va rester fragile, car les doutes persistent et il faudra attendre les prochaines statistiques économiques dans les semaines qui viennent pour commencer à se faire une idée. Sans oublier que dans moins d’un mois on commencera à avoir les publications de résultats des entreprises pour le 1er semestre 2022.

 

En tout cas, si ce n’était pas clair avant, la FED vient de taper un coup psychologique en supprimant l’idée des marchés du « buy on the dips » : elle fait de l’inflation son combat premier, et nous dit qu’il n’est plus question d’acheter en cas de repli prononcé, « car avec l’argent pas cher qu’il y avait ça ne pouvait que remonter ». Cette période est révolue, et du coup le put FED n’est plus là pour soutenir les marchés. Gare aux secousses, donc. « Preuve », s’il en est : les futures américains pour cet après-midi sont en baisse, et le USD recommence à monter, on est en train de repasser sous les 1,04 au moment où nous écrivons cette note.

 

Autres sujets à suivre / garder en mémoire, nous y reviendrons dans nos prochaines notes :

. L’écroulement du JPY contre USD, à 135, non-vu depuis 2002. Et la hausse de la FED va forcer la BOJ, Bank of Japan, à intervenir pour acheter massivement la dette d’Etat pour éviter que la dette à 10 ans, à 0% depuis des années, ne passe au-dessus du plafond implicite de 0,25%.

. La remontée des taux va forcément avoir un impact sur l’immobilier, mais aussi sur les crédits et surtout sur les risques de crédit dans les banques. C’est le cas aux Etats-Unis, on le voit avec la baisse marquée du cours boursier des grandes banques US ces derniers jours, avec en plus des baisses de 30% depuis le début de l’année. C’est aussi le cas pour les banques européennes, pour beaucoup de raisons, mais gageons que le risque de crédit jour un rôle important.

 

 

 

Pas de modification structurelle dans la gestion de nos portefeuilles. Nous restons toujours investis, légèrement sous-pondérés en actions, mais malgré ce que nous écrivons ci-dessus, il n’est pas question de ne pas être investi. Il reste des opportunités, ou des très beaux noms, qui assurent une certaine résilience des performance des portefeuilles.

Et nous sommes toujours structurellement « long USD », entre 20 et 30% des portefeuilles, ce qui atténue les contre-performances.

 

 

Vous trouverez enfin 2 articles de l’Agefi sur les politiques de la FED et de la BCE, avec les enjeux à venir.

 

 

Vous pouvez retrouver l’historique de nos billets sur notre site, https://momentum.lu/actualites/.

 

A votre disposition pour en rediscuter,

 

 

Bien à vous,

 

Pierre

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